Résumés

Thème 1 : Modernité : un concept, des significations différentes

 

Sonder le passé pour profiler l’avenir ? Les dialectiques de la modernité en préhistoire -  Claude BLANCKAERT

Modérateur : Nicolas Teyssandier

Au moment de la découverte du site de Cro-Magnon en 1868, l’interprétation des rares fossiles humains reste tributaire de la notion valorisée de progrès, avec ses « enchaînements » et ses franches « hétérochronies ». Une double référence analogique guide les représentations : d’une part, le singe, d’autre part, les « races actuelles », plus ou moins primitives ou civilisées. Autrement dit, la modernité n’est pas un état mais un processus. L’orthogenèse d’un développement orienté s’opposait à l’hypothèse d’un hiatus fracturant l’évolution humaine pour distinguer ce qu’on appellera, à un siècle de là, le « néanthropien », l’homme « anatomiquement moderne », de toutes les formes ancestrales réputées « archaïques », inférieures ou bestiales. La trajectoire des sociétés humaines se soumet à une « paléontologie de la raison ». Et le troglodyte de Cro-Magnon, vite dissocié du Neandertal, est longtemps considéré, dans toute son ambivalence anatomique et psychologique, comme « un parvenu d’assez basse extraction, mais qui a de l’avenir ». Retour sur quelques idées-forces qui organisent le discours paléontologique au XIXe siècle.

 

The genetic history of early Europeans: Migration and adaptation in prehistory - Johannes KRAUSE

Modérateur : Nicolas Teyssandier

Ancient DNA can reveal pre-historical events that are difficult to discern through the study of archaeological remains and modern genetic variation alone. In recent years more than 1000 ancient human genomes spanning the last 10,000 years of Western Eurasian pre-history have been analyzed. We find direct evidence for two major genetic turnover events at the beginning and at the end of the Neolithic time period in Europe. This data provides strong support of a major migration of early farmers spreading from Anatolia starting around 9000 years ago bringing agriculture and domestic animals to Europe. Following their arrival, early farmers genetically admix with indigenous Europeans in the course of the coming 3000 years. At the end of the Neolithic period, around 5000 years ago, we find the first genetic evidence for another major migration event of people from the pontic steppe, north of the black sea, into the heartland of Europe. The newcomers practice pastoralism, are highly mobile, due to the widespread use of horses, wheels and wagons and they may be responsible for the first spread of plague among human populations in Eurasia. We find that all modern European populations today are a genetic mixture of steppe pastoralist, early farmers and indigenous European hunter-gatherers in varying proportions. We furthermore find that due to genetic mixture and local biological adaptation there are major changes in human phenotypes such as eye color, skin color and the ability to digest milk sugar through the course of the last 10,000 years. 

 

What makes a ‘modern human’? A look at what the fossil record tells us - Chris STRINGER

Modératrice : Sandrine Prat

The species name Homo sapiens has at times been applied to a variety of early humans, including the Neanderthals, and this was still the case when I began my PhD in 1970. However, at about that time, the American anthropologist William Howells started to use the term ‘anatomically modern man’ to distinguish recent humans and their close relatives in the fossil record from ancient people like the Neanderthals, who did not show all the skeletal characteristics of recent humans. Since then, the updated term ‘anatomically modern human’ has often been shortened to just ‘modern human’, and this has usually been synonymised with a more restricted usage of Homo sapiens to exclude people like the Neanderthals. In my talk I will try to disentangle the different usages of ‘modern human’ and Homo sapiens, when applied to the fossil record.

 

Le couplage technique et symboles depuis l’Afrique Australe - Guillaume PORRAZ

Modératrice : Sandrine Prat

Les sites d’Afrique australe livrent les traces anciennes de comportements dont la nature est volontiers qualifiée de moderne. Cette modernité repose sur un couplage techniques et symboles qui s’est transformé dans le temps. Nous nous intéresserons ici à ce mécanisme de couplage et essayerons, derrière les singularités, d’identifier les universaux qui sont mis en jeu.

 

 

Thème 2 : La modernité et l’invention d’un nouveau monde : débat d’idées

De la modernité fille de la biologie à la modernité fille de la culture - Francesco D’ERRICO

Modérateur : Bruno Maureille

 Les plus récentes découvertes archéologiques, anthropologiques et paléogénetiques révèlent les limites de l’axiome selon lequel chaque population fossile identifiée par les paléoanthropologues comme une espèce fossile différente aurait été dotée d’une cognition différente. Quelles clefs ont les archéologues pour identifier, dans les sociétés préhistoriques, les comportements que les rapprochent des nôtres et quels scénarios émergent de ces recherches ?

 

Vers une refonte des relations biologie/culture : co-évolution, interactions culture-génétique - Evelyne HEYER

Modératrice : Isabelle Crèvecoeur

Les dernières recherches sur  la diversité génétique de notre espèce montrent la place importante de la culture dans notre évolution. A partir d'exemples, nous montrerons la grande variabilité des mécanismes d'interactions entre culture et biologie

 
Peuplement et changements environnementaux : adaptations génétiques... et réponses épigénétiques - Lluis QUINTANA-MURCI

Modératrice : Isabelle Crèvecoeur

L’histoire évolutive de l’Homme signifie bien plus que son histoire démographique. Elle inclut également son adaptation génétique aux divers environnements qu’il a rencontrés — nutritionnels, climatiques ou pathogéniques — ainsi que les différentes réponses épigénétiques mises en place pour y faire face. Nous discuterons d’exemples variés qui illustrent la façon dont les pressions environnementales, tout particulièrement celles exercées par les agents pathogènes et les maladies infectieuses, ont influencé la diversité génétique et épigénétique des populations humaines.

 

Les relations biologie/culture dans des paradigmes actuels : sexe, genre et orientation sexuelle - Michel RAYMOND

Modératrice : Stéphanie Thiébault

L'Homme est un animal de culture, mais il n'est évidemment pas affranchi de ses bases biologiques. L’importance relative de ces facettes innées ou acquises pour expliquer les variations entre les individus fait l’objet de nombreux débats. Certains thèmes focalisent les controverses, comme les différences hommes/femmes, l'opposition du sexe et du genre, et le statut de l'orientation sexuelle. Une approche évolutionniste permet d’intégrer le cas particulier de l’espèce humaine, spécialisée dans la culture et les interactions sociales, dans un ensemble plus large, permettant ainsi d’apporter un éclairage scientifique sur ces questions sociales du moment.

 

Les cultures humaines visent-elles avant tout à améliorer l’adaptation au milieu ? - François FLAHAULT

Modératrice : Stéphanie Thiébault

Alors que les documentaires consacrés à l’histoire de l’homme célèbrent ses capacités d’adaptation, le mode de vie de la plupart des sociétés humaines se révèle aujourd’hui profondément inadapté à la nature. D’où la nécessité de revenir sur l’origine et la fonction des cultures humaines.

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